Le capitalisme à l’assaut des Corps Célestes

Nous la savions à bout de souffle et épuisée par la spoliation de ses ressources, la terre est désormais devenue trop petite pour le capitalisme. Bien en dessous des radars de l’information des médias dominants, la nouvelle spatiale a de quoi nous mettre en état de sidération !…
Après la guerre des étoiles de la guerre froide, welcome aux bulldozers de l’espace. Les États-Unis n’en sont plus à une loi scélérate près et ce, au mépris de toutes les conventions et droits fondamentaux universels. Inlassablement, l’Empire du chaos toujours en expansion, poursuit sans entrave et unilatéralement son instinct de prédation sur tout ce qui lui est nécessaire au maintien de son mode de vie « non négociable ». Le « Market Business News » (1) nous révèle une information exosphérique : B. Obama a signé en novembre 2015, le « Competitiveness Act (HR 2262) autorisant l’exploitation privée des ressources minérales des corps célestes. Ce paraphe ubuesque du président des USA se fait en violation du « Consensus de 1967 » ou « Traité de l’Espace » ratifié par son pays, le Royaume-Uni, la Russie et plus tard la France. Rappelons que cet accord renforcé par le traité sur la lune de 1979, faisait de l’Espace une propriété universelle, interdisant explicitement toute activité guerrière et instituant une responsabilité des États et de tout gouvernement ou entité non-gouvernementale à ne pas s’arroger une ressource stellaire. Bref, ces traités déclarent expressément que tout corps extra-atmosphérique est soumis au concept légal « res-nullius » qui signifie que personne ne le détient. Ils restreignent donc le droit de la propriété privée dans la dynamique prédatrice du capitalisme.
Nous n’avions pas encore cette information lorsque dans un livre récent sur les gaz de schiste nous présentions « l’extractivisme comme étant le stade suprême de l’impérialisme » (2). De fait, dans ce projet, c’est bien l’extractivisme qui s’impose comme le facteur déterminant de l’expansionnisme.
La planète Terre est donc devenue trop petite pour l’hydre extractiviste étasunien et comme à leur habitude les autorités de ce pays se débarrassent sans vergogne des « règlements inutiles », à la grande satisfaction des lobbies et d’entreprises spécialisées comme Planetary Resources (3) qui encouragent le « développement durable de l’Espace » selon la formule insensée de son cofondateur et coprésident Eric Anderson. Dans la foulée, le sénateur de Floride Marco Rubio candidat à la primaire républicaine soutien fermement cette initiative, ressassant la rhétorique habituelle et convenue : « Partout dans notre économie, nous devons éliminer les règlements inutiles, qui coûtent trop cher et rendre plus facile la création d’emplois pour les innovateurs américains »… On retrouve bien là, résumé dans cette assertion les principes qui prédominent dans les négociations secrètes des accords de libre-échange.
Le pire est à craindre si l’Espace vient à être colonisé par les mêmes forcenés obsessionnels de l’extractivisme. Du sommet de leur pyramide de Ponzi la raison de ces prédateurs de l’infini s’est définitivement affranchie de la gravitation universelle. Les pauvres terriens que nous sommes, encore soumis à la loi de la pesanteur, en seront-ils réduit à revendiquer un tribunal pénal universel pour juger les néo-cosmonautes loufoques, ayant exporté dans l’Espace les conflits terrestres pour l’accaparement des ressources minières sidérales et/ou responsables d’un cataclysme cosmique ?
Dans son voyage à travers l’Espace vers la Terre, le Petit Prince s’interrogeait déjà sur la boulimie possessive sans limite du Businessman : « Tu possèdes les étoiles ? » « Oui ! » répond l’homme d’affaire. « A quoi cela te sert-il de posséder les étoiles ? » demande le Petit Prince. « Ca me sert à être riche ! » « Et à quoi ça te sert d’être riche ? » « A acheter d’autres étoiles, si quelqu’un en trouve ! » « Celui-là », se dit le Petit Prince « il raisonne un peu comme mon ivrogne [autre personnage rencontré au cours de son voyage] qui boit pour oublier qu’il boit. »
En 2015 aux États-Unis la réalité sordide des riches, ivres de posséder vient de dépasser la fiction du conte philosophique d’Antoine de Saint-Exupéry, publié à New York en 1943.

Jacques Ambroise
Auteur de : Gaz de schiste, histoire d’une imposture – Éditions « Le Sang de la terre » avril 2013

Notes :
(1) : Par Christian Nordqvist, 26-11-2015 – Owning materials from an asteroid now legal in United States.
http://marketbusinessnews.com/owning-an-asteroid-now-legal-in-united-states/113158

(2) Jacques Ambroise, Jean-Marc Sérékian : Gaz de schiste, le choix du pire – Éditions « Le Sang de la terre » novembre 2015

(3) http://www.planetaryresources.com/#home-intro

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