Réunion publique du 18 juillet 2014 à Silfiac

PERSONNES PRÉSENTES À LA RÉUNION À SILFIAC LE 18 JUILLET 2014:

Le maire de Silfiac et conseiller général du canton de Cléguérec: Serge Moëlo ( animateur des débats);
Le représentant de Variscan Mines Orléans: Mr.Patrick Lebret;
Des élus des communes concernées, la population locale…Une quarantaine de personnes au total.
On notait immédiatement une attention curieuse de l’auditoire pour ce projet et l’intention de participer au débat sans opposition radicale.

Mr.Patrick Lebret s’est donc présenté à nous comme un chef d’entreprise à la tête d’une Start Up française mais dont l’unique actionnaire est un « chien de chasse » de l’exploration minière australienne. En jouant sur la fibre patriotique de notre ex-ministre du Redressement Productif, il espère l’investissement d’actionnaires franco-européens dans sa société.
Il affirme que la France, ancienne puissance industrielle, a perdu de sa maitrise et de son savoir-faire dans le domaine des mines, contrairement à d’autres pays européens comme la Grande-Bretagne, la Finlande, la Suède, l’ Espagne, l’Italie, l’Allemagne, la Pologne…

C’est donc l’ambition de Variscan Mines ( encore récemment nommé PlatSearch) qui a motivé la création d’une telle SARL dont le siège social se trouve à Orléans.
Pour ce faire il a suffi de recruter des géologues du BRGM, Mr.Montebourg ayant la volonté de relancer l’exploitation minière en métropole.

Mr.Patrick Lebret nous a très vite prévenu que ses compétences se cantonnaient à la phase d’exploration des minerais et qu’il ne se prononcerait pas sur la phase d’exploitation qui suivrait la découverte éventuelle de gisements exploitables et rentables.
Seuls l’étain et le tungstène, le plomb, le zinc et le cuivre, l’or et l’argent faisaient l’objet de sa convoitise. Quant aux substances connexes, elles concernent une clause de sauvegarde pour son monopole d’exploration au cas où des « bidulium » (genre germanium), et d’autres métaux rares seraient découverts.
Il nous a garanti la main sur le cœur que ni l’uranium ni le gaz de schiste ne faisaient l’objet de sa demande de permis d’exploration.

Notre pays est consommateur en minerais- Le représentant de Variscan Mines affirme qu’en France la politique industrielle s’est dissoute dans une économie mondialisée avec l’arrivée du géant Chinois dans les années 2000 et la venue prévue de l’Inde sur le marché des matières premières.
Cette nouvelle demande mondiale est la cause de la montée des prix des minerais sur les marchés.
Mais la refonte du Code Minier engagée par le ministre de l’économie et de l’industrie- vieux code désuet qui doit être modernisé concernant les techniques actuelles et les contraintes environnementales- nous invite à la plus grande prudence en ce qui concerne le respect du citoyen (ex:Traité européen en 2005).

Sa notion de développement durable est tout à fait fantaisiste: on ne peut pas parler de développement durable concernant un tel projet car les ressources exploitées, ne sont justement pas renouvelables!
Le vrai développement durable serait de lancer une campagne d’investissement et de recherches dans le recyclage des biens industriels produits…seul projet innovant qui permettrait de relever le défi économique et environnementale de notre pays.
Avant d’exploiter des ressources naturelles, il semble indispensable d’en connaître les tenants et les aboutissants : pour quelle industrie?…Les minerais traités seront-ils exportés ou utiles à l’économie locale?…Nous pouvons aussi penser aux générations futures, et plutôt que d’extraire, et exploiter ce qui est dans le sol, réparer en premier lieu les dégâts causés durant une ère industrielle polluante.

Le représentant de Variscan insiste sur la lenteur administrative et sur le dynamisme des entreprises, sur le besoin de trouver de nouvelles ressources minières pour l’économie, jouant sur le mot Start Up comme si ce projet était d’un enjeu technologique révolutionnaire alors que ce n’est, encore une fois, qu’un ancien modèle économique auréolé de modernisme; dans une optique de croissance et de création d’emplois. Mais de quels emplois parle-t-on ? De travailleurs locaux ou de maind’œuvres « importées » dont raffolent les grandes entreprises ?
A l’inverse Mr.Patrick Lebret n’insiste pas sur les retombées économiques pour la région, sur les désagréments environnementaux, mais préfère mettre en avant l’intérêt des infrastructures, du réseau routier, de l’urbanisme local. Autant d’atouts qui encouragent de telles multinationales à investir dans un pays « stable et démocratique ».

Mais Quid des retombées pour la région, de l’entretien du réseau routier, de l’emploi quand on sait qu’actuellement se négocie le traité de libre- échange transatlantique (TAFTA) visant à déréguler encore plus les échanges commerciaux, à aligner les normes sociales, sanitaires et environnementales sur le modèle anglo-saxon; avec la mise en place d’un tribunal arbitral privé pour trancher les litiges entre les grands groupes privés et les états.
Rien ne nous garantit, une fois la phase d’exploration conduite à son terme et si le projet d’exploration voyait le jour, que les retombées économiques se fassent au profit des états (privatisation des instances décisionnelles), au profit des collectivités locales (dérégulation financière), de l’emploi local (dérégulation du marché du travail), de la protection de l’environnement (assouplissement des normes et déresponsabilisation des entreprises, cf vaches folle, amiante).
En fait qui nous assure que le droit du citoyen et des collectivités, que la protection de l’environnement soient sauvegardés, et que notre état souverain soit en mesure de contrôler un tel projet alors que ni le futur Code Minier, ni TAFTA n’ont encore abouti ?

Le représentant de Variscan nous a également affirmé que l’investissement dans un tel projet représentait un risque: celui de ne rien trouver ou qu’aucun acheteur ne se propose de lancer la campagne d’exploitation. Ce risque reste néanmoins très minime par rapport aux bénéfices attendus si une exploitation ultérieure devait se réaliser !
Il a aussi affirmé que si la phase d’exploitation ne pouvait avoir lieu suite à une réglementation du Code Minier trop contraignante, il ne se retournerait pas contre la collectivité pour demander des compensations financières. Il est permis d’en douter !

Il faut donc rester vigilant et s’opposer à un tel projet tant que des précisions ne nous sont pas apportées, concernant les droits des états et des citoyens face aux grands groupes privés internationaux.

S.D.

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