Variscan Mines ou l’hydre à trois têtes

Nous sommes en septembre 2017 et cela fait trois ans que le Permis Exclusif de Recherche minière (PER) dit permis «Merléac » a été accordé, deux pour ceux de Silfiac et de Loc-Envel.
Tout a été fait pour que l’information soit diffusée de manière discrète. Des consultations publiques  sont organisées uniquement par internet dans des zones rurales où la connexion est aléatoire voir déficiente, alors que la population est majoritairement âgée et ne maîtrise pas l’outil numérique. La mobilisation citoyenne a tout de même pu s’organiser.

Tandis que l’humanité est confrontée aux plus grands défis de son histoire que représentent le réchauffement climatique et la disparition catastrophique de la biodiversité; le pillage de ces ressources naturelles n’est au XXIème siècle plus acceptable.
Sur un territoire essentiellement agricole, et où l’activité touristique est en pleine essor, l’exploitation de ressources naturelles non renouvelables est un modèle de développement d’un autre âge. Pourtant des alternatives existent :

  • changer les modes de consommation;
  • lutter contre l’obsolescence programmée;
  • faciliter le recyclage des biens produits.

À l’occasion de la première réunion d’information publique qui s’est tenu le 18 juillet 2014 sur la commune de Silfiac  –  à la demande d’un conseiller municipal – M. Patrick Lebret alors n°3 de Variscan assurait que l’exploitation des ressources n’étaient pas à l’ordre du jour et qu’il ne s’agissait que d’un projet d’exploration. En cas d’éventuelles découvertes de gisements, mais de refus de la population d’une exploitation, la société Variscan ne demanderait pas de dédommagements financiers en contre partie de ses investissements.

En étudiant  le code minier, lors du projet de réforme de celui-ci, les collectifs on pu apprendre qu’un droit de suite existait bel bien. Toute découverte de gisement par la société exploratrice lui octroyait, soit le droit d’exploiter soit celui de vendre le fruit de ses recherches à une autre société minière. Ce fut le premier mensonge.
On pourrait s’étendre sur les promesses d’emplois, sur la fiscalité payée sur le territoire concerné. Est-il utile de rappeler que dans une économie mondialisée, avec l’optimisation fiscale légalisée, l’emploi des travailleurs détachés, la mécanisation des appareils productifs, aucunes de ses promesses ne seront tenues?
Quant au concept de « mines vertes » ou « responsables » celui-ci n’est pas prêt de voir le jour car il est fondamentalement contraire au concept de rentabilité de l’économie capitaliste. Plus les contraintes concernant la préservation de l’environnement, des ressources en eaux, de la juste rémunération et protection des travailleurs sont élevés, moins l’entreprise est rentable ce qui décourage les investisseurs accros aux dividendes.

Pour faire accepter ses permis de recherches minières, la société Variscan Mines, n’a pas hésité à utiliser mensonges et désinformations. À contrario les différents mouvements d’oppositions ont su se structurer et associer à la lutte les élus locaux. Faire signer des pétitions, encourager la populations à répondre aux consultations publiques, lancer la campagne de refus de prélèvement ont permis de bloquer le processus sur les permis de Silfiac et de Loc-Envel.

Dans la presse ou en réunion, les représentants de Variscan n’hésitent pas à insulter la mobilisation citoyenne la taxant de mouvement extrémiste et sectaire. L’opposition citoyenne tient bon et M. Lebret disparaît des réunions publiques.
C’est à M. Michel Bonnemaison [1], n° 2 de Variscan de venir distiller sa propagande. La mobilisation ne faiblit pas et s’étoffe même avec l’implication des élus locaux, de députés et sénateurs.
En avril 2016 est organisé un débat contradictoire sur la commune de Plélauff (22) où un gisement de germanium serait potentiellement rentable. Une commune qui dans un premier temps et malgré certaines réserves s’était prononcée pour ce projet minier. Mais suite à cette confrontation à laquelle la population a massivement participée, le débat tourne en faveur des opposants. Quelques semaines plus tard , une nouvelle motion du conseil municipal de Plélauff est prononcée contre ce projet.
Aujourd’hui, et avec d’autres communes, elle s’est associée à un recours en justice demandant l’abrogation du PER de Silfiac.

À partir d’octobre 2016, la mobilisation sur le PER de Merléac, le premier permis accordé dans les Côtes d’Armor, prend aussi de l’ampleur. Sur ce périmètre une majorité d’élus favorables aux projets n’ont pas daignés informer leurs administrés, mais la fronde se met en place  : pétition, manifestations, démissions de conseillers municipaux dénonçant un déni de démocratie.
Le collectif Douar Didoull et l’association Attention-Mines mobilisés contre les PER de Loc-Envel et de Silfiac – qui ont déjà mutualisé leur moyens de communications et participé à plusieurs rencontres avec d’autres mouvements en métropole et en Guyane – viennent en soutient au nouveau collectif Vigil’oust Merléac qui peine à se faire entendre sur un territoire déjà fortement impacté par l’agriculture conventionnelle.

C’est à l’occasion des dernières élections législatives, que la mobilisation prend une nouvelle envergure, relayée par des médias nationaux. Le Conseil Régional, le Conseil Départementale se prononcent de nouveau contre les projets miniers en Bretagne. Une délégation d’élus et deux représentants du collectif Vigil’oust sont reçus à l’Elysée par un conseiller du président Macron, celui-là même qui a accordé les récents permis de recherches miniers. Tandis que la société Variscan Mines s’est vue depuis plus d’une année refuser l’accès par les propriétaires sur les PER de Silfiac et Loc-Envel, il n’en va pas de même pour le PER de Merléac où les foreuses sont attendues d’un jour à l’autre.
La mobilisation s’amplifie en pleine campagne électorale. De nombreux d’élus qui jusqu’alors ne s’étaient pas prononcés sur le sujet, saisissent l’opportunité de soutenir les opposants.

N’ayant pas mieux réussi que son prédécesseur, M.Bonnemaison ne représentera plus Variscan et s’occupera uniquement d’expertise au sein de la société et de sa petite entreprise (E-Mines). Son implication sur le PER de Couflens  et un montage financier  interpellent sur les véritables enjeux que représentent le renouveau minier en France. En matière de transparence pour faire accepté un tel projet, les opposants ne pouvaient rêver mieux pour dénoncer une fois de plus la prédation et l’opacité des entreprises minières au regard de la provenance des capitaux et des redevances fiscales.

Aujourd’hui le n°1 de Variscan Mines, M. Jack Testard sera le nouvel interlocuteur secondé par une société de communication.
Le pédigrée[2] de se dirigeant  est éloquent : homme de réseau, président de la Chambre syndicale des industries minières (CSIM), participant à l’élaboration de la réforme du code minier, et tristement célèbre en Turquie à la fin des années 90 alors qu’il était Directeur de EUROGOLD.

L’opposition à ces projets miniers a su montrer sa détermination en remportant les deux beaux trophées que sont la mise à l’écart de M.Lebret et M.Bonnemaison.  Mais M. Jack Testard est un tout autre adversaire de part ses entrées dans les cabinets ministériels et aux deux assemblées.
Les actionnaires de Variscan Mines Limited (Australie) s’impatientant de ne toujours pas engranger les dividendes promis, la mobilisation citoyenne devra restée vigilante et offensive pour que son sort connaisse le même destin.

S.D

[1] Michel Bonnemaison : ex-président-directeur général de Variscan Mines France;
– Gérant de l’entreprise E-MINES;
– gérant de Gérant de l’entreprise SCI ALB avec son épouse.
[2]  Jack Testard : Administrateur , Trésorier : Alliance des Minerais, Minéraux et Métaux, A3M depuis juin 2014;
– Administrateur SIM ( Société Industrie Minéral) depuis juin 2013;
– Administrateur chez Variscan Ltd depuis mai 2013 (Région de Sydney, Australie);
– Président Variscan Mines SAS France depuis décembre 2010;
– Président Chambre syndicale des Industries minières ( fedem) depuis 2010;
– Trésorier CCEF Région Centre depuis 1996;
– Chef du service ressources minérales brgm de septembre 1999 à mars 2009;
– Geologue brgm de 1976 à 2009;
– Président GIP GEODERIS depuis 2008 – expertise de l’après mine pour l’Etat Français;
– Directeur général EUROGOLD Madencilik de 1995 à 1998 – Izmir, Turquie.

Share Button